Annie Henwood
Conservateur des Archives Municipales de Brest




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Un peu d'histoire

   Lambézellec, naguère importante commune du Finistère, n'est plus qu'un vaste quartier de Brest.
   Ainsi en a décidé l'ordonnance du 27 avril 1945 qui a fusionné dans le grand Brest les quatres communes les plus voisines de la Penfeld, berceau de l'arsenal du Ponant.

   Perdant son statut de commune, seulement doté d'un adjoint spécial et d'une mairie annexe, Lambézellec ne pouvait conserver les archives témoins de son passé. Celles-ci furent normalement transférées aux archives municipales de Brest, où elles constituent, de même que celles de Saint Pierre-Quilbignon et de Saint-Marc, un fonds distinct. Ainsi l'intégralité des documents produits depuis la Révolution jusqu'à la Libération demeure préservée et l'histoire de la commune peut être aisément reconstituée.

   Il s'agit d'un fonds clos, complet, où tous les aspects de la vie communale sont représentés. Les séries s'ouvrent avec le XIX° siècle naissant et s'achèvent de façon générale en 1945. Quelques dossiers indissociables, comportent des documents légèrement postérieurs à cette date. L'Ancien Régime n est présent que par le biais des registres paroissiaux, conservés depuis 1626, avec une lacune de 1665 à 1705.

   L'ensemble représente 45 mètres linéaires de documents, désormais définitivement classés inventoriés grâce à la diligence de madame Raphaëlle Drouhin, assistante de conservation patrimoine.

   Ce répertoire, pourvu d'un état des sources complémentaires et d'une orientation bibliographique devrait susciter de nouvelles études sur une commune au riche passé.


Lambezellec, la place.
  A l'origine, il y aurait eu, sur le site de la future commune, un oratoire fondé par Tudona, fille de Tudogilus et soeur de Gouesnou, sur le territoire de Plou-Beluoc, devenu au fil des années LanBeluoc, Lambezleuc, Lambézellec.
   Saint Beluoc oublié, le patron de la paroisse a été tantôt saint Laurent,tantôt saint Florent.

   Le territoire de Lambézellec s'étendait jusqu' au château de Brest, mais les empiètements successifs de sa puissante voisine l'ont peu à peu réduit au rang de "banlieue".
   Dès 1686, lors de la construction de l'enceinte de Brest qui engloba l'église des Sept-Saints, Lambézellec perdit le contrôle de (unique paroisse brestoise et reçut en compensation une somme de 200 livres par an.
   En 1780, Louis XVI donna le terrain de Pontanézen à la Marine pour y construire un hôpital.
   En 1845 furent annexés à Brest les terrains du Bouguen, les villages de l'Harteloire et de Lannoc-ar-Pape, la grève et le village de Porstrein.
   Une annexion plus importante (environ 172 hectares) fut décrétée par la loi du 2 mai 1861 ; elle comprenait tout le quartier de Bel-Air (futur Saint-Martin), du fond de la vallée du Moulin à Poudre jusqu'au port.
   En 1866, c'est Saint-Marc qui reçoit les quartiers du Bot- de Pencréach et du Douric.
      Enfin en octobre 1944 intervint la fusion des quatres communes de l'agglomération brestoise, confirmée par l'ordonnance du 27 avril 1945

   En dépit de ces importantes amputations territoriales, la population Lambézellec n'a cessé de croître: de 6 000 habitants en 1800, on passe près de 20 000 en 1939.

   Au XIX siècle, les activités de la commune étaient essentiellement rurales. La culture des céréales recula très vite au profit de celle des légumes et de l'élevage, de meilleur rapport en raison du marché brestois.
   Toutefois, dès la fin du XVIII° sicle était apparu un secteur industriel favorisé par la présence de nombreux cours d'eau : tanneries, moulins à papier, fabriques de chaux et surtout brasseries : la Grande Brasserie de Kérinou et la Grande Brasserie de Lambézellec.
   Sur l'étendue de la commune, fermes et hameaux constituèrent pendant longtemps la moitié de la population.
   Au début du X1Xe siècle, quatre agglomérations se développèrent peu à peu et de façon inégale : le chef-lieu, autour de l'eglise et du cimetière, Kerinou au tour de l'étang, le village du Moulin à Poudre ou fut implantée une éphémère brasserie de la Marine et surtout les glacis et le faubourg de Brest, véritable enclave francaise dans un ensemble bretonnant.

   Jean-Michel Bouët (qui tint la mairie de 1808 à 1826 et de 1830 à 1838) eut à son actif une oeuvre d'urbanisme considérable.
   Il fit réparer et entretenir les chemins vicinaux grâce à la création d'un atelier de charité.
   Les chemins de Lambézellec eurent une excellente réputation car ils restaient l'exception !
   Il fit construire en 1835 la mairie encore inexistante et fit aménager la place des Glacis et celle du Roi de Rome, future place de la Liberté, qui devinrent promenades privilégiées des Brestois.
   Les liens entre Brest et Lambézellec furent toujours très étroits .
La vie étant moins chère dans la seconde, de nombreux ouvriers travaillant à Brest y vivaient, tandis qu'inversement les Brestois aisés possédaient une "campagne" à Lambézellec.

   Sous le Second Empire, le quartier du Télégraphe (ou Pilier-Rouge) se peuple très rapidement.
   Une mairie annexe y est ouverte en 1907. Au début XXe siècle de nouveaux quartiers apparaissent et partout des lotissements sortent de terre : Brest, enserré dans son corset de fortifications, ne pouvait endiguer l'accroissement de sa population !

   Lambézellec était le débouché naturel de la ville close.
   Aussi le tramway brestois arriva-t-il à Kérinou dès 1897 et au bourg en 1899.
Quant au chemin de fer départemental qui reliait le port aux communes du Léon, il traversait largement Lambézellec : depuis la gare de Brest, il gagnait par les douves Kérichen, Pen-Ar-Valy, passait sur le pont de la brasserie (toujours visible) pour arriver à la station du Rufa où il se séparait en deux tronçons, l'un vers Bohars et Guilers, l'autre vers Gouesnou et Plabennec.
   Une ligne télégraphique fut installée en juillet 1888 ; l'établissement du téléphone date de 1895.
   Le service d'eau naît en 1885 (bornes-fontaines) et s'étend régulièrement jusqu'à la jonction des deux réseaux du bourg et de Prat-ar-Raty en 1912.
   En 1920, la commune achète les canalisations laissées par les Américains. La présence américaine en 1917-1919 concerna essentiellement Lambézellec puisque le camp des alliés d'Outre-Atlantique se trouvait à Pontanézen.
   L'électrification date, quant à elle, de 1913.


Lambezellec, l'église.

Kérinou, la place.


Vue générale de Lambezellec.
   La première véritable école fut ouverte au bourg en 1838 mais la construction de la future école Ferdinand Buisson ne fut achevée qu'en 1846.
   Quelques années après, une seconde école est construite à Bel-Air. Au Pilier-Rouge, les garçons sont confiés aux Frères des Ecoles chrétiennes de 1864 à 1878, date de l'expulsion des religieux.
   A Kérinou, une école fonctionne à partir de 1879 ; au Bergot une autre s'ouvre en 1885.
   A côté existent plusieurs écoles privées : Croix-Rouge, Saint-Joseph du Pilier-Rouge, Bonne-Nouvelle, Saint-Laurent:    L'église parroisiale, de trés ancienne origine, fut recostruite a divers reprises : en 1850, en 1865 et aprés la guerre de 1939-1945.
   Sur le territoire de la commune se trouvaient d'anciennes chapelles ( Notre-Dame du Calvaire, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, Sainte-Anne de Kérinou, Saint-Guénolé sur les bonds de la Penfeld) et un couvent de Carmélites, à Kerfautras, entre 1862 et 1903.
   Pour répondre au voeu des habitants du quartier du Pilier-Rouge, un nouveau lieu de culte est installé en 1887 dans l'ancienne chapelle de l'école ; l'église Saint-Joseph ne sera construite que par la suite et érigée en paroisse le 26 juin 1907.

   Un certain nombre de manoirs, aujourd'hui détruits, se nichaient en différents points de la commune, dont celui de Kérinou, propriété de la famille de Cornouailles jusqu'à la Révolution.
   Quelques personnages ont marqué de leur empreinte la vie de Lambézellec. Il s'agit essentiellement des maires de la commune. : Jean Michel Bouët, déjà cité, négociant brestois originaire du Calvados ; Jean Chevillote, originaire de l'Yonne, fabricant de chandelles et armateur, adjoint au maire de 1826 à 1842 ; Alexandre Bouët, écrivain, conseiller municipal puis maire (1846-1848) ; Jean-Julien Cumin, maire (1851-1860) ; Désiré Faque, maire (1848-1851) ; Etienne Athanase Michel-Morand, maire (1862-1876).
   Certaines rues évoquent leur action au service de la population.
Annie Henwood
Conservateur des Archives Municipales de Brest




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